La volatilité des marchés boursiers étonne par son inconstance. Parfois elle est totalement absente et plusieurs semaines consécutives s’écoulent sans qu’aucun évènement particulier ne perturbe les marchés. Et soudain, elle peut apparaître et effacer rapidement des gains qui ont pris de longues périodes à s’accumuler.
Traquer la volatilité
Dans ces moments de fluctuations, certaines personnes deviennent plus attentives au comportement des marchés et à l’actualité économique. Ces observateurs finiront inévitablement par se demander ce qui a bien pu se produire pendant la nuit pour que le marché ouvre le matin suivant en affichant une différence aussi marquée comparativement au cours de clôture de la veille.
Il s’agit ici de ce que j’appelle la volatilité nocturne. Les nouvelles financières proposeront toujours des raisons pour justifier ce qui s’est produit, mais il n’en reste pas moins que cette volatilité est surprenante. Il appert également que la volatilité nocturne se manifeste plus fortement et plus fréquemment dans certains environnements de marché.
Heureusement, ces environnements sont facilement reconnaissables grâce à un simple filtre quantitatif :
le positionnement du cours de clôture comparativement à la moyenne mobile des cours de clôture. Nous allons donc explorer cette notion en examinant plusieurs marchés boursiers différents, afin que les investisseurs puissent reconnaître une volatilité imminente.
Qu’est-ce que la volatilité?
Il existe plusieurs façons de définir la volatilité, la plus commune s’exprime par l’écart-type, une mesure statistique au calcul intimidant. Pour l’analyse présentée ici, la volatilité nocturne est définie comme étant la différence absolue en pourcentage entre le cours de clôture du jour précédent et le cours d’ouverture.
La différence absolue signifie que les résultats sont exprimés en chiffres positifs, même si le marché est en baisse. Ce raisonnement est basé sur l’idée que nous voulons mesurer la magnitude des mouvements boursiers, non leur orientation.
Les hauts et les bas de la moyenne mobile
La moyenne mobile, connue aussi parfois sous l’appellation « moyenne glissante », est une moyenne qui est constamment recalculée. Chaque fois qu’une donnée plus récente est ajoutée au calcul, la donnée la plus ancienne est enlevée. Si, par exemple, nous calculons la moyenne des cinq derniers cours de clôture d’une action en bourse et que ce calcul est refait chaque jour, nous serons effectivement en train de calculer une moyenne mobile.
L’intérêt d’utiliser la moyenne mobile réside dans le fait qu’elle permet de lisser les soubresauts à court terme et qu’elle aide à garder en vue la tendance générale. Il est pertinent de savoir que la moyenne mobile de 200 jours (ci-après MM200) est l’une des plus fréquemment utilisées dans l’industrie financière et que c’est celle que nous avons privilégiée dans cette analyse.
Ainsi, quand le cours de clôture se situe au-dessus de sa moyenne mobile de 200 jours, l’environnement est défini comme « tranquille », alors que quand le cours de clôture est inférieur à sa moyenne mobile de 200 jours, l’environnement est considéré comme « agité ».
Mise en situation
Il me semble aussi pertinent de présenter ici quelques informations complémentaires sur la méthodologie de recherche, ainsi que certaines anecdotes historiques. Une analyse a été menée au cours des 25 dernières années sur les sept marchés boursiers suivants : Canada, États-Unis, Allemagne, Royaume-Uni, Hong-Kong, Japon et Australie.
Ces marchés boursiers englobent près de 80 % de la capitalisations boursière mondiale. L’historique retenu de 25 ans inclut plusieurs cycles économiques complets et plusieurs politiques monétaires et fiscales différentes.
Le tableau suivant résume le nombre de jours durant lesquels les différents marchés ont clôturé, soit au-dessus ou en deçà, de leur moyenne mobile de 200 jours.
Tableau 1
Fréquence | |||
Clôture > MM200 | Clôture < MM200 | ||
EWC | Canada | 65 % | 35 % |
SPY | États-Unis | 72 % | 28 % |
EWG | Allemagne | 60 % | 40 % |
EWU | Royaume-Uni | 57 % | 43 % |
EWH | Hong Kong | 58 % | 42 % |
EWJ | Japon | 53 % | 47 % |
EWA | Australie | 60 % | 40 % |
La notion d’une tendance à la hausse à long terme des marchés boursiers est validée par le fait que les différents marchés analysés affichent plus souvent des rendements supérieurs à leur MM200 que des rendements inférieurs.
D’où vient cette volatilité asymétrique?
Si les cours de clôture se retrouvent sous la MM200, c’est généralement parce que les marchés sont aux prises avec une situation réellement préoccupante, qui ne peut se dissiper en quelques jours. Les inquiétudes peuvent provenir de détériorations importantes des conditions économiques, de conflits armés, de guerres commerciales, de changement de direction des banques centrales ou de changements réglementaires gouvernementaux, bref, d’éléments susceptibles d’avoir des répercussions sur la rentabilité des entreprises transigées en bourse.
Les analystes financiers et les économistes réagissent rapidement à la nouvelle information au fur et à mesure qu’elle devient disponible et des décisions concernant les portefeuilles peuvent être implantées rapidement. En tandem, les algorithmes informatiques ont la capacité d’analyser l’information et de réagir en effectuant des transactions boursières à des vitesses non comparables à celles des humains. Les nouvelles peuvent provenir de n’importe quel fuseau horaire : dès qu’une bourse ouvre, elle s’ajuste rapidement à la nouvelle information qui avait été publiée durant ses heures de fermeture.
Les effets de la volatilité nocturne
Le terme de volatilité nocturne se réfère au processus d’ajustement rapide et important qui survient dans ces environnements agités. Le tableau 2 illustre bien le phénomène.
Au Canada par exemple, quand l’environnement est agité, il est normal d’assister à des variations de 0,93 %, à la hausse comme à la baisse, entre le cours de clôture de la veille et le cours d’ouverture du matin. En contraste, lorsqu’il n’y a rien de particulièrement inquiétant et que les marchés évoluent au-dessus de leur MM200, les variations sont en moyenne de 0,54 %.
Tableau 2
Volatilité moyenne (%) selon la situation | |||
Clôture > MM200 | Clôture < MM200 | ||
EWC | Canada | 0,54 % | 0,93 % |
SPY | États-Unis | 0,35 % | 0,72 % |
EWG | Allemagne | 0,72 % | 1,18 % |
EWU | Royaume-Uni | 0,64 % | 1,03 % |
EWH | Hong Kong | 0,79 % | 1,23 % |
EWJ | Japon | 0,69 % | 0,99 % |
EWA | Australie | 0,73 % | 1,25 % |
Pour conclure
L’étude démontre que tous les marchés réagissent de la même manière, c’est-à-dire avec une volatilité accrue, lorsque le cours de clôture est inférieur à la moyenne mobile de 200 jours.
Dans un environnement agité, la volatilité nocturne plus élevée est susceptible de causer un inconfort accru auprès des investisseurs, d’autant plus que les médias ont tendance à répéter les nouvelles décevantes ou négatives, ce qui ne fait qu’exacerber le stress collectif.
En reconnaissant cet environnement, il est possible de savoir à l’avance qu’une période houleuse s’annonce, ce qui devrait aider à garder le cap sur le long terme et à mieux dormir la nuit.
Si vous avez des questions concernant votre portefeuille de placements, n’hésitez pas à communiquer avec votre conseiller pour en discuter.
David Raymond, CMT, CFA
Spécialiste en marchés et placements