Yann Furic
B.B.A., M. Sc., CFAMD
Gestionnaire principal, répartition d’actifs et stratégies alternatives
Ce qui a fait bouger les marchés :
Marchés à la hausse à la fin janvier.
Baisses des taux directeurs : d’autres à venir au Canada; rares aux États-Unis en 2025.
SURVOL DES BOURSES MONDIALES |
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Pays |
Indice |
Rendement |
Évolution |
Rendement cumulatif |
Canada |
S&P/TSX |
3,48 % |
|
3,48 % |
États-Unis |
S&P 500 |
3,50 % |
|
3,50 % |
|
Nasdaq |
2,37 % |
|
2,37 % |
Bourses internationales |
EAEO |
5,99 % |
|
5,99 % |
Pays émergents |
|
2,50 % |
|
2,50 % |
Chine |
MSCI Chine |
1,63 % |
|
1,63 % |
Le rendement indiqué est le rendement total qui inclut le réinvestissement des revenus et des distributions de gains en capital.
Source : Morningstar Direct.
Résultats – obligations canadiennes
L’indice des obligations universelles FTSE Canada, regroupant les obligations, a affiché un rendement positif de 1,20 % depuis le début de l’année (au 31 janvier 2025).
Source : Morningstar Direct.
Notre analyse des évènements
- Le 29 janvier, la Réserve fédérale américaine a conservé son taux à son niveau actuel, tel que l’anticipaient les marchés. Les commentaires du gouverneur Jerome Powell laissent entendre que les prochaines coupures, si requises, se feront plus tard en 2025. De plus, la politique tarifaire américaine pourrait limiter les baisses de taux puisqu’elle sera inflationniste.
- À cette même date, la Banque du Canada a de nouveau abaissé son taux directeur de 0,25 %, l’inflation se maintenant toujours dans la fourchette cible. L’incertitude concernant l’imposition de tarifs par les États-Unis pourrait modifier la politique monétaire et mener à des réductions de taux supplémentaires. Présentement, les marchés anticipent de deux à trois autres baisses cette année.
- En janvier, la création d’emplois aux États-Unis a été plus faible que prévu, avec l’arrivée de seulement 143 000 nouveaux travailleurs comparativement à des attentes de 175 000. Une révision des deux mois précédents (novembre et décembre) a démontré l’ajout de 100 000 emplois supplémentaires. L’inflation salariale est cependant trop élevée à 4,1 % par rapport à l’année dernière.
- La création de 76 000 emplois au Canada en janvier a largement dépassé les attentes de 25 000 nouveaux travailleurs, en plus d’indiquer une augmentation du taux de participation, ce qui est positif. Une diminution du taux de chômage a également été observée. Sur une base annuelle, la croissance des salaires est restée sous les attentes de 3,8 %, reculant plutôt à 3,7 %.
- Autant au Canada qu’aux États-Unis, le maintien d’un marché de l’emploi vigoureux modère les risques de récession et diminue la probabilité de voir de multiples coupures de taux d’intérêt en 2025.
- L’économie américaine reste forte, ce qui a pour effet immédiat d’atténuer l’urgence d’abaisser les taux et crée une divergence entre les politiques monétaires canadienne (plus de baisses) et américaine (moins de baisses). La conséquence de cette situation est de réduire la valeur du dollar canadien, une tendance qui se poursuit depuis quelques semaines déjà.
- L’utilisation de tarifs douaniers dans le cadre des négociations commerciales sera une variable supplémentaire à suivre en 2025, en plus de l’inflation et de l’emploi.
- Au Canada, le taux d’inflation annuel s’établissait à 1,8 % pour le mois de décembre, en baisse par rapport au mois précédent (1,9 %) et toujours à la cible déterminée par la Banque du Canada. Aux États-Unis, le taux d’inflation annuel s’est accéléré à 2,9 % pour cette même période.
Comprendre la situation Canada/États-Unis : les soubresauts de la nouvelle présidence
Depuis la passation des pouvoirs le 20 janvier, le président Trump a multiplié les décrets présidentiels pour accélérer la mise en œuvre de son programme politique. Les marchés financiers réagissent, parfois fortement, à ses discours et à ses actions.
Annonces de mise en place de tarifs
Les marchés se sont préparés, au cours des derniers mois, à l’utilisation par l’administration américaine de tarifs qui viseraient principalement la Chine dans le but d’atteindre plusieurs objectifs. Par contre, les menaces tarifaires annoncées envers le Mexique et le Canada ont causé une surprise générale.
Comme nous l’avons vu durant les derniers jours, la situation peut se dégrader ou s’améliorer rapidement. D’un point de vue placement, il est toujours recommandé de ne pas céder à la panique et de faire confiance à sa stratégie d’investissement.
Le Canada, tout comme le Mexique, a obtenu un répit de trente jours avant l’imposition des tarifs, pour lui permettre de trouver des solutions aux insatisfactions du gouvernement américain concernant l’immigration illégale et l’entrée de drogues aux États-Unis via la frontière commune. Il est fort probable que la menace de tarifs continuera de peser comme une épée de Damoclès sur ces deux pays, ainsi que sur la Chine et possiblement l’Europe. Cette menace aura pour conséquence de remettre en question les prises de décision des entreprises et possiblement, de ralentir la croissance économique mondiale.
L’envers de la médaille
En maintenant cette incertitude, un des buts avoués de l’administration américaine est de forcer les entreprises à relocaliser leur production étrangère sur le territoire américain. Cette accélération de la déglobalisation entraînerait une perte d’efficacité des chaînes d’approvisionnement durant un certain temps, ainsi qu’une augmentation importante des coûts d’opération.
L’imposition tous azimuts de tarifs sur le plan mondial aurait plusieurs effets néfastes.
- L’augmentation du prix des importations causée par les tarifs est une taxe ajoutée pour les consommateurs américains.
- Ces tarifs sont aussi inflationnistes pour l’économie américaine.
- Cette inflation supplémentaire empêchera la Fed de réduire davantage les taux directeurs.
- Le dollar américain restera fort, ce qui limitera les exportations et aura donc un effet négatif. Les exportations américaines seront trop dispendieuses pour les autres pays à l’échelle de la planète.
- Les profits des entreprises américaines seront pénalisés par la vigueur du dollar américain.
- Les entreprises faisant affaire avec les États-Unis subiront un stress économique, car la demande pour leurs produits pourrait diminuer.
Tout comme durant la première présidence de Donald Trump, le résultat final de toutes ces négociations sera sans doute plus équilibré, mais les pays qui font commerce avec les États-Unis seront contraints de développer de nouveaux marchés. Une déréglementation globale va s’imposer, qu’elle concerne le commerce entre les provinces canadiennes ou entre les différents pays d’Europe.
Pourquoi augmenter les tarifs?
Fait à noter, l’entrée en vigueur d’un tarif a habituellement pour but de forcer un changement de comportement. Par exemple, une entreprise américaine qui achète un produit tarifé du Canada doit payer son fournisseur canadien, mais aussi le tarif à une entité gouvernementale américaine. Le coût d’importation du produit a donc augmenté. Ce sont des revenus supplémentaires pour le gouvernement, mais l’entreprise, de son côté, refile la facture à son client en augmentant le prix de détail du produit, ce qui génère de l’inflation.
A terme, l’entreprise peut décider de trouver un fournisseur local : à partir de ce moment, le gouvernement ne percevra plus les revenus des tarifs, mais possiblement, des taxes et impôts sur les ventes supplémentaires des fournisseurs locaux.
Il faut cependant comprendre que c’est l’un ou l’autre. En d’autres termes, le gouvernement américain ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre.
Par-delà l’incertitude actuelle…
Les économies canadiennes et américaines restent fortement intégrées, tout comme durant la première présidence de Donald Trump. D’un côté comme de l’autre de la frontière, des pressions seront exercées sur les gouvernements par les dirigeants d’entreprises pour qu’une nouvelle entente de partenariat soit conclue.
Une croissance soutenue de l’économie globale, avec un minimum de frictions commerciales entre l’administration américaine et le reste du monde, se présente toujours comme le meilleur scénario.
Gestion du risque
A moyen et à long terme, les marchés réagissent à la croissance des profits des entreprises. En tant qu’investisseur, il faut donc rechercher les facteurs de plus long terme et ne pas se laisser prendre au jeu des politiques et des médias.
Un portefeuille bien diversifié géographiquement et comportant une combinaison de titres de revenu fixe et de revenus variables a démontré sa résilience dans le passé sur un horizon de placement à moyen et à long terme et reste toujours la meilleure solution.
Sur le plan des titres, nous continuons de privilégier le facteur « qualité », qui permet de mieux absorber les soubresauts du marché et nous restons à l’affût des opportunités qui pourraient se présenter.
Indicateurs économiques
Indice global des directeurs d’achats
Les indicateurs du segment manufacturier se sont améliorés, près de la moitié des trente pays affichant un indice supérieur à 50 (expansion). Le segment des services continue de s’améliorer et reste vigoureux.
Taux d’inflation
Sur une base globale, l’inflation diminue et continue d’évoluer dans la bonne direction, mais sa vitesse de décélération diminue. Les banques centrales effectueront probablement moins de coupures de taux que ce qui était anticipé il y a quelques mois. La possibilité d’imposition de tarifs à l’échelle mondiale et sans discrimination par la nouvelle administration américaine pourrait également créer des pressions inflationnistes en 2025.
Taux directeurs au Canada, en Europe et aux États-Unis
Les taux d’intérêt sont à la baisse depuis quelques mois maintenant. Les craintes d’une reprise de l’inflation et la croissance continue de l’économie américaine devraient limiter les baisses de taux subséquentes. Dans ce contexte, les renouvellements prochains des prêts hypothécaires et corporatifs pourraient forcer les consommateurs et les entreprises à réduire dès maintenant leurs dépenses en anticipation de taux plus élevés qu’initialement prévu, ce qui est négatif.
Notre veille stratégique
Nous suivons l’évolution des politiques tarifaires américaines, de l’inflation et des dépenses des consommateurs, ainsi que les indicateurs avancés concernant la production manufacturière et le secteur des services et de l’emploi.
La prudence et la gestion des risques restent toujours nos priorités.
Tactiquement
En janvier, nous avons maintenu la pondération des actions dans la stratégie de répartition tactique, les perspectives économiques et les indicateurs de marchés commandant toujours une surpondération.
Aux États-Unis, nous avons conservé notre positionnement dans les titres de croissance de grandes capitalisations qui réagissent positivement à une stabilisation des taux d’intérêt et dans ceux qui ont un historique de croissance des dividendes qui sont plus défensifs.
Nous avons maintenu notre position dans les titres de petites capitalisations qui réagissent bien à des baisses de taux et à une diminution probable de la règlementation dans plusieurs domaines. Nous avons réduit notre position au Canada et dans les pays émergents, et nous l’avons augmentée en Europe et au Japon.
Dans la composante revenu fixe, nous avons réduit le poids des obligations des pays émergents et augmenté celui des obligations américaines de qualité « investissement ».
Nous continuons de privilégier les titres dans les pays développés et la gestion des risques.
Pour savoir comment nos fonds se sont comportés :
Principaux risques
- Des politiques protectionnistes tous azimuts aux États-Unis telles que l’imposition de tarifs sans gains de productivité importants devraient générer de l’inflation et ralentir les baisses de taux. Le Canada serait alors désavantagé puisque nos exportations seraient moins intéressantes pour notre voisin du sud. Cette situation, qui pourrait causer un ralentissement économique et une inflation élevée, s’apparenterait à un épisode de stagflation et serait le scénario économique le plus négatif pour les marchés boursiers.
- Un risque se manifeste sur le plan des politiques monétaires.
- Des taux élevés durant une période prolongée auraient comme conséquence de réduire les profits des entreprises et aussi, de façon importante, les dépenses des ménages.
- Il est fort probable que tous les scénarios inflationnistes qui auraient pour conséquence de conserver les taux d’intérêt pour les échéances de 5 à 10 ans à des niveaux élevés seront évités, puisqu’ils ralentiraient l’investissement des entreprises et le rapatriement des chaînes de production aux États-Unis.
- Le conflit israélo-palestinien pourrait avoir des répercussions sur l’ensemble du Moyen-Orient. La chute du régime syrien en est un exemple.
- Une escalade du conflit en Ukraine pourrait déborder vers d’autres pays européens.
- Il est également possible qu’il y ait une aggravation des tensions entre la Chine et les États-Unis concernant Taiwan et une possible guerre commerciale.
Gestionnaire principal, répartition d’actifs et stratégies alternatives
Source des données : Bloomberg
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