Yann Furic
B.B.A., M. Sc., CFAMD
Gestionnaire principal, répartition d’actifs et stratégies alternatives
Ce qui a fait bouger les marchés :
Forte progression des marchés américains, due en grande partie aux résultats de Nvidia, fer de lance des investissements en intelligence artificielle.
Premières réductions des taux directeurs.
SURVOL DES BOURSES MONDIALES |
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Pays |
Indice |
Rendement |
Évolution |
Rendement cumulatif |
Canada |
S&P/TSX |
2,77 % |
7,58 % |
|
États-Unis |
S&P 500 |
4,14 % |
15,06 % |
|
|
Nasdaq |
6,15 % |
15,60 % |
|
Bourses internationales |
EAFE |
3,06 % |
10,69 % |
|
Pays émergents |
|
-0,22 % |
6,90 % |
|
Chine |
MSCI Chine |
1,60 % |
10,36 % |
Le rendement indiqué est le rendement total qui inclut le réinvestissement des revenus et des distributions de gains en capital.
Source : Morningstar Direct.
Résultats – obligations canadiennes
L’indice des obligations universelles FTSE Canada, regroupant les obligations gouvernementales et corporatives canadiennes, a affiché un rendement négatif de 1,49 % depuis le début de l’année (au 31 mai 2024).
Source : Morningstar Direct.
Notre analyse des évènements
Banque du Canada : première banque centrale du G7 à réduire son taux directeur
- Durant les premiers jours de juin, la Banque du Canada a procédé à une première baisse de 0,25 % et le marché en anticipe deux autres cette année.
- Dans le cas où la Banque du Canada réduit son taux directeur et que, de son côté, la Fed ne bouge pas, les conséquences sur la dévaluation du dollar canadien pourraient être importantes. Le scénario de base actuellement privilégié prévoit une réduction de taux aux États-Unis et deux autres au Canada d’ici la fin de l’année 2024.
- La Réserve fédérale américaine (Fed) a maintenu son taux directeur lors de la rencontre du 12 juin. La première baisse pourrait maintenant être annoncée en novembre, soit quelques jours après les élections américaines, afin de ne pas accorder un avantage fortuit à un candidat par rapport à un autre.
- La Banque centrale européenne (BCE) a réduit son taux directeur le 6 juin et les marchés s’attendent à une réduction supplémentaire vers la fin de l’année.
- Le taux d’inflation et la rapidité à laquelle cette inflation diminue sont les deux variables ayant un impact déterminant sur les marchés.
- Le taux d’inflation annuel au Canada s’est situé à 2,7 % pour le mois d’avril, en baisse par rapport au mois précédent et en ligne avec les attentes du marché. Aux États-Unis, toujours aligné sur les anticipations des marchés, le taux d’inflation sur un an a diminué à 3,4 % en avril, alors qu’il se situait à 3,5 % le mois précédent.
Quelques scénarios possibles en 2024
- Le scénario le plus positif : une réduction des taux due uniquement à un recul de l’inflation, sans ralentissement économique prononcé.
- Une économie américaine forte, exigeant moins de baisses de taux, pourrait entraîner une appréciation du dollar américain par rapport aux autres devises. Ce scénario serait négatif pour le dollar canadien et maintiendrait une inflation plus élevée.
- Scénario le plus négatif : une inflation en réaccélération alors que, côté économie, la situation se détériore, ce qui indiquerait un état de stagflation.
États-Unis : économie et dépenses de consommation
Historiquement, environ 70 % de l’économie américaine est représentée par les dépenses des consommateurs. Ce qui signifie que lorsque les consommateurs se sentent en confiance, ils dépensent plus largement et la croissance économique est au rendez-vous.
Dans le climat économique actuel, certaines entreprises comme Starbucks et McDonald’s ont rapporté que les consommateurs sont plus réticents à dépenser. D’autres détaillants, comme Walmart, font état, depuis plusieurs trimestres, d’une hausse d’achalandage provenant du segment des familles mieux nanties.
La question est donc de savoir si les consommateurs réduisent consciemment leurs achats, ou si le prix de certains biens est maintenant trop élevé, ce qui entraînerait une baisse de la demande. Les hausses de prix des dernières années peuvent avoir atteint leur seuil maximal pour le consommateur. À l’appui de cette affirmation, McDonald a annoncé que son menu sera modifié au cours de l’année 2024 pour offrir des choix moins dispendieux à ses clients.
Marchés mondiaux et résultats électoraux
Globalement, l’année 2024 sera l’une des plus actives sur le plan des élections. Les marchés financiers n’aiment pas l’incertitude et ils réagissent lorsque les résultats électoraux sont différents de ceux qui étaient attendus. Les premiers jours de juin l’ont bien démontré.
Au Mexique, l’élection de Claudia Sheinbaum, qui appartient au même parti de gauche que le président sortant, était prévue. Cependant, l’ampleur de sa victoire et la possibilité pour son parti d’avoir une majorité au Congrès et donc, de pouvoir modifier la constitution, ne faisaient pas partie du scénario de base imaginé. Les investisseurs ont réagi négativement à la nouvelle, l’indice boursier du Mexique perdant plus de 10 %.
Durant la même période, en Inde, la victoire majoritaire de Narendra Modi était attendue, mais il doit maintenant former un gouvernement de coalition puisqu’il n’a pas obtenu la majorité écrasante prévue. Les marchés ont connu une forte baisse à l’annonce de cette nouvelle.
Ces situations n’entraînent cependant pas un effet négatif permanent, comme en témoigne l’élection surprise de Donald Trump à la présidence des États-Unis en 2016, qui a pesé lourd sur les marchés le soir de l’élection, pour se renverser ensuite.
Les élections prochaines en Angleterre et en France pourraient aussi avoir un effet important sur les marchés, si les résultats diffèrent des attentes.
Situation de l’emploi
En mai, au Canada, le taux de chômage s’est situé à 6,2 %, en hausse par rapport au mois précédent. Le nombre d’emploi a augmenté de 26 700, surpassant des attentes de 22 500. La croissance du salaire horaire sur une base annuelle est cependant restée trop élevée à 5,2 %. La forte immigration que connaît le Canada explique pourquoi, malgré une croissance du nombre d’emplois, il y a aussi une augmentation du taux de chômage.
Les dernières données sur l’emploi aux États-Unis ont fortement surpris puisqu’elles sont en hausse, affichant une croissance de 272 000 travailleurs comparativement à des attentes de 180 000. Le taux de chômage est de 4,0 %. Pour sa part, la croissance des salaires reste trop élevée à 4,1% et démontre une hausse par rapport au mois précédent.
Indicateurs économiques
Indice global des directeurs d’achats
Les indicateurs du segment manufacturier continuent de se maintenir, l’indice de près de la moitié des 30 pays surpassant 50, ce qui signale une expansion.
Taux d’inflation
Globalement, l’inflation reste trop élevée pour permettre des baisses de taux importantes.
Taux directeurs au Canada, en Europe et aux États-Unis
Les taux d’intérêt sont à un niveau qui, s’ils y restent pendant une période prolongée, aura un impact important sur les dépenses des ménages et des entreprises lors du renouvellement des prêts. L’Europe et le Canada ont effectué leur première baisse de taux en juin, mais les prochaines pourraient se faire attendre.
Notre veille stratégique
Nous suivons l’évolution de l’inflation ainsi que les indicateurs avancés concernant la production manufacturière et le secteur des services et de l’emploi, de même que les dépenses des consommateurs.
La prudence et la gestion des risques sont toujours nos priorités.
Tactiquement
En mai, nous avons maintenu le poids des actions dans la stratégie de répartition tactique puisque les perspectives économiques se sont globalement améliorées.
Aux États-Unis, nous avons conservé notre positionnement dans les titres de croissance de grandes capitalisations qui réagissent positivement à une stabilisation des taux d’intérêt et dans ceux qui ont un historique de croissance des dividendes qui sont plus défensifs.
Nous avons maintenu une position réduite dans les titres de petites capitalisations qui réagissent bien à des baisses de taux (lesquelles sont maintenant repoussées à plus tard dans l’année). Nous avons conservé notre position dans les pays émergents, qui réagissent positivement à une amélioration de la conjoncture économique globale.
Nous avons toujours une surpondération au Japon par rapport à l’Europe. Les perspectives économiques japonaises nous semblent toujours meilleures, mais nous avons couvert une partie de notre exposition au yen, qui reste faible.
Nous continuons de privilégier les titres dans les pays développés et la gestion des risques.
Pour savoir comment nos fonds se sont comportés :
Principaux risques
- Une politique monétaire trop restrictive pourrait causer une récession importante ou d’autres problèmes comme la crise dans les banques régionales américaines.
- Des taux élevés durant une période prolongée auraient comme conséquence de réduire les profits des entreprises et aussi, de façon importante, les dépenses des ménages.
- La possibilité d’un épisode de stagflation, c’est-à-dire d’une croissance économique anémique et d’une inflation élevée, est toujours présente. Cette situation est négative pour les marchés boursiers.
- Le conflit israélo-palestinien pourrait avoir des répercussions sur l’ensemble du Moyen-Orient.
- Une escalade du conflit en Ukraine pourrait déborder vers d’autres pays européens.
- Il est également possible qu’il y ait une aggravation des tensions entre la Chine et les États-Unis concernant Taiwan.
Gestionnaire principal, répartition d’actifs et stratégies alternatives
Source des données : Bloomberg
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