Yann Furic
B.B.A., M. Sc., CFAMD
Gestionnaire principal, répartition d’actifs et stratégies alternatives
Ce qui a fait bouger les marchés :
Aucune hausse du taux directeur de la Fed.
Ralentissement de l’économie canadienne.
SURVOL DES BOURSES MONDIALES |
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Pays |
Indice |
Rendement |
Évolution |
Rendement cumulatif |
Canada |
S&P/TSX |
-3,21 % |
0,06 % |
|
États-Unis |
S&P 500 |
0,52 % |
13,41 % |
|
|
Nasdaq |
-0,15 % |
26,64 % |
|
Bourses internationales |
EAFE |
-1,48 % |
5,26 % |
|
Pays émergents |
|
-1,31 % |
0,27 % |
|
Chine |
MSCI Chine |
-1,70 % |
-9,06 % |
*Tous les chiffres sont en devise canadienne. Source : Morningstar Direct.
Résultats – obligations canadiennes
L’indice des obligations universelles FTSE Canada, regroupant les obligations, a affiché un rendement négatif de 1,09 % depuis le début de l’année (au 31 octobre 2023).
Source : Morningstar Direct.
Notre analyse des évènements
Les hausses semblent produire leurs effets
À sa réunion du 1er novembre dernier, la Reserve fédérale américaine (Fed) a annoncé sa décision de ne pas hausser son taux directeur. Elle ne ferme cependant pas la porte à des majorations futures et a tenu à préciser que les taux devraient rester élevés durant une période prolongée. Malgré les multiples relèvements de taux, l’économie américaine continue de croître.
Quant à la Banque du Canada, lors de sa rencontre du 25 octobre dernier, elle n’a fait aucune annonce de modification de son taux directeur. Certains effets positifs ont été observés au cours des derniers mois et justifient ce statu quo : l’économie canadienne ralentit graduellement et le marché du travail semble se stabiliser.
Et si la situation économique canadienne et américaine était une fable…
Mis à part les gens qui travaillent dans le domaine financier, il peut être difficile pour un profane d’établir la différence entre la politique monétaire et la politique fiscale.
Depuis plusieurs mois déjà, de nombreux articles discutent des effets négatifs des politiques fiscales par rapport aux politiques monétaires en Amérique du Nord. Pour illustrer les comportements des gouvernements et des banques centrales, nous utiliserons, en prenant certaines libertés, une fable de La Fontaine bien connue de tous : La Cigale et la Fourmi.
Depuis plus d’un an déjà, les banques centrales américaine et canadienne augmentent leurs taux d’intérêt afin de limiter la demande de biens et services et la croissance économique, dans le but de réduire les pressions inflationnistes. Comme l’économie de l’Amérique du Nord est fortement influencée par les consommateurs, le fait de réduire la demande de biens et services devrait modérer la croissance de l’économie et donc, entraîner de plus faibles hausses de taux. C’est ce qu’on appelle la politique monétaire. Ces hausses de taux, soutenues et nombreuses, sont plutôt désagréables, d’où la comparaison avec le travail incessant de la Fourmi.
Pendant ce temps, du côté de plusieurs instances gouvernementales, les dépenses continuent à un rythme effréné comme s’il n’y avait aucune limite et aucun effet négatif découlant de la création de déficits et de l’augmentation de la dette, ici donc, la Cigale.
Ainsi, depuis plus d’un an, les politiques monétaires des banques centrales sont restrictives et anticipent des périodes de croissance économique plus faibles, tandis que les politiques fiscales, elles, sont expansionnistes. Alors que les taux d’intérêt augmentent et rendent les nouveaux prêts plus dispendieux, certaines instances gouvernementales, dans le but d’enrayer l’inflation, envoient des chèques pour faire face à ces hausses de coûts et contribuent ainsi à cette même inflation. Dans une telle situation, les politiques monétaires et fiscales vont directement à l’encontre l’une de l’autre.
Il devient de plus en plus évident, et plusieurs semblent en avoir pris conscience, que les instances gouvernementales doivent impérativement limiter leurs dépenses, ou à tout le moins, créer des programmes d’aide ciblés, sinon elles se retrouveront confrontées à des déficits et à d’importants paiements d’intérêts sur leurs dettes lors d’un ralentissement économique.
En guise de conclusion, la Cigale doit modifier son comportement afin que la Fourmi puisse considérer son travail terminé et que l’inflation puisse retourner à la cible de 2 %.
Situation de l’emploi
En octobre, les données relatives à la création d’emplois au Canada se sont révélées sous les attentes de 25 000 puisque seulement 17 500 emplois ont été créés. L’inflation sur le plan des salaires est passé de 5,3 % à 5 % sur les 12 derniers mois. Le taux de chômage, lui a augmenté, passant de 5,6 % à 5,7 %.
Du côté des États-Unis, les données relatives à la création d’emplois pour le mois d’octobre se sont aussi situées sous les attentes, 150 000 emplois ayant été créés plutôt que les 180 000 prévus. Le taux de chômage a connu une légère hausse et l’inflation salariale est restée sous les attentes. De tels résultats pourraient permettre à la Fed de maintenir son taux directeur.
Le troisième trimestre des entreprises
Les entreprises canadiennes et américaines ont commencé à divulguer leurs résultats pour le 3e trimestre de 2023, ainsi que leurs prévisions pour le prochain.
Du côté du S&P 500, les ventes, mais surtout les profits des entreprises, surpassent les attentes. Le S&P/TSX au Canada affiche aussi des chiffres encourageants, autant au niveau des ventes que des profits.
Les commentaires des entreprises sont mixtes pour le prochain trimestre. Un ralentissement des dépenses de consommation devrait aider à réduire les pressions inflationnistes et faciliter le rôle des banques centrales.
Indicateurs économiques
Indice global des directeurs d’achats
Encore une fois en octobre, les indicateurs montrent une différence entre l’économie manufacturière en ralentissement et la composante services qui, elle, reste en croissance, mais décélère encore une fois.
Taux d’inflation
Il est encore trop élevé, mais certains indicateurs vont dans la bonne direction. L’inflation sur le plan des salaires au Canada est encore trop forte.
Taux directeurs au Canada, en Europe et aux États-Unis
Les taux d’intérêt sont à un niveau qui, s’ils y restent pendant une période prolongée, aura un impact important sur les dépenses des ménages et des entreprises lors du renouvellement des prêts. Cette situation ralentira encore davantage la consommation des ménages et les investissements.
Notre veille stratégique
Durant toute l’année 2023, nous avons conservé un positionnement prudent.
Nous suivons l’évolution de l’inflation ainsi que les indicateurs avancés concernant la production manufacturière et le secteur des services et de l’emploi. Une détérioration observée dans ces derniers nous pousserait à être encore plus prudent.
Une amélioration notable des indices manufacturiers en même temps qu’un retour de l’inflation à 2 % seraient des signes forts d’une reprise économique, mais surtout de la possibilité d’un atterrissage en douceur de l’économie.
L’estimation des profits des entreprises du S&P 500 pour le 4e trimestre se stabilise, mais les évaluations restent élevées.
La prudence et la gestion des risques sont toujours nos priorités.
Tactiquement :
Sur le plan tactique, aux États-Unis, nous avons conservé notre positionnement dans les titres de croissance de grandes capitalisations qui réagissent positivement à une stabilisation des taux d’intérêt et dans ceux qui ont un historique de croissance des dividendes qui sont plus défensifs.
Nous continuons de privilégier les titres de grandes capitalisations dans les pays développés.
Depuis l’augmentation du taux directeur de la Banque du Canada au début juin, nous avons pris une position dans les obligations canadiennes ayant une échéance de 10 ans, car nous croyons que les taux à plus long terme atteindront un sommet au cours des prochains mois et qu’ils devraient ensuite se stabiliser ou encore baisser.
Nous avons augmenté la pondération des obligations canadiennes à échéance de 10 ans durant les mois de juillet et août, ainsi qu’au cours des premiers jours d’octobre.
Pour savoir comment nos fonds se sont comportés :
Principaux risques
- Une politique monétaire trop restrictive pourrait causer une récession importante ou d’autres problèmes comme la crise dans les banques régionales américaines.
- Des taux élevés durant une période prolongée auraient comme conséquence de réduire les profits des entreprises et aussi, de façon importante, les dépenses des ménages.
- La possibilité d’un épisode de stagflation, c’est-à-dire d’une croissance économique anémique et d’une inflation élevée, est toujours présente. Cette situation est négative pour les marchés boursiers.
- Le conflit Israël-Hamas pourrait avoir des répercussions sur l’ensemble du Moyen-Orient.
- Une escalade du conflit en Ukraine pourrait déborder vers d’autres pays européens. Le prix des céréales pourrait augmenter à la suite de la fin de l’accord sur le transport maritime dans cette région et contribuer à l’inflation alimentaire.
- Il est également possible qu’il y ait une aggravation des tensions entre la Chine et les États-Unis concernant Taiwan.
Gestionnaire principal, répartition d’actifs et stratégies alternatives
Source des données : Bloomberg
Les informations contenues aux présentes proviennent de sources que nous jugeons fiables; toutefois, nous n’offrons aucune garantie à l’égard de ces informations et elles pourraient s’avérer incomplètes. Les opinions exprimées sont basées sur notre analyse et interprétation de ces renseignements et ne devraient en aucun cas être considérés comme une recommandation. Pour toutes questions, n’hésitez pas à communiquer avec votre conseiller en gestion de patrimoine ou votre spécialiste en matière fiscale, comptable ou juridique.