Yann Furic
B.B.A., M. Sc., CFAMD
Gestionnaire principal, répartition d’actifs et stratégies alternatives
Un mois volatil et un trimestre positif
Pour les marchés boursiers de la planète, le mois de septembre s’est déroulé sous deux grandes thématiques. Chacune a permis à certains secteurs de tirer profit de la situation actuelle, qui reste complètement hors normes.
Télétravail et reprise économique
- Le télétravail a généré des revenus accrus dans certains secteurs de consommation. Les achats en ligne d’une grande variété de biens de consommation, qui devient une tendance durable chez les consommateurs, ainsi que l’utilisation d’une diversité croissante de produits technologiques ont profité aux titres des grandes capitalisations et à ceux des plus grandes entreprises technologiques. De là, les bonnes performances générales de l’indice Nasdaq, à forte concentration en technologie.
- Pour ce qui est de la reprise économique, elle a stimulé la création d’emplois et entraîné une augmentation des revenus des particuliers et des entreprises. En conséquence, les titres dits plus cycliques comme ceux des banques, du secteur industriel, des matériaux de base et de l’énergie ont connu un regain.
Gagnants et perdants
Beaucoup d’incertitude persiste encore. La deuxième vague de pandémie de la COVID-19 et le retour à certaines mesures de confinement ont des effets très négatifs sur les secteurs de la restauration et du tourisme. Aussi, l’échéance prochaine de plusieurs programmes de subvention salariale pour les particuliers et les entreprises pourraient entraîner des mises à pied qui risquent d’augmenter le taux de chômage.
Par ailleurs, l’incertitude entourant les élections américaines et la possibilité d’un délai dans la divulgation des résultats rendent les marchés nerveux. Sont également remis en question : la nouvelle entente fiscale aux États-Unis et le délai possible, signalé par l’Allemagne, du déploiement d’un fonds d’aide paneuropéen.
Malgré tout, la grande majorité des indicateurs économiques continuent de s’améliorer ou se stabilisent. La reprise économique mondiale progresse donc favorablement, mais son rythme ralentit.
Zoom sur le mois dernier
Survol des bourses mondiales*
- L’indice phare de la Bourse canadienne, le S&P/TSX, a chuté de 2,1 % en septembre, pour un rendement de -3,1 % pour les neuf premiers mois de 2020.
- Aux États-Unis, le S&P 500 a perdu 1,8 % et le Nasdaq 3,2 %, ce qui porte leur rendement respectif pour l’année à 8,3 % et 28,6 %.
- Les Bourses internationales ont aussi affiché des résultats négatifs durant la période, l’indice EAFE ayant baissé de 0,6 %, pour un résultat cumulatif de -4,3 % jusqu’ici cette année.
- Les actions des pays émergents se sont appréciées de 0,4 % en septembre (+1,6 % en 2020) et celles de la Chine ont diminué de 0,7 % (+19,5 % en 2020).
*Tous les chiffres de cette section sont en devise canadienne. Source : Bloomberg, sauf si indiqué différemment,
Événements marquants
COVID-19 : impact des mesures de soutien
Les fermetures ciblées de certains secteurs d’activités (tourisme, loisirs) à travers le monde ont d’importantes répercussions économiques et les gouvernements essaient de soutenir leur économie et leurs travailleurs. Au Canada, certaines mesures ont été renouvelées. Aux États-Unis, les politiciens n’arrivent pas à s’entendre, malgré les commentaires du président de la Réserve fédérale américaine (Fed), pour qui un nouveau plan fiscal est nécessaire et complémentaire aux mesures monétaires.
Taux directeurs en suspens
Les grandes banques centrales poursuivent leurs politiques monétaires accommodantes et il semble que les taux directeurs resteront bas jusqu’à ce que les économies soient bien engagées dans une relance. La Fed est prête à laisser l’inflation surpasser sa cible de 2 %. Cette situation procure donc un répit aux consommateurs.
Les résultats des entreprises au 3e trimestre seront bientôt publiés et les commentaires des dirigeants sont très attendus. En fait, ils seront plus importants que les chiffres eux-mêmes.
L’emploi en progression
Alors que la création de 0,859 million d’emplois était anticipée aux États-Unis en septembre, ce sont plutôt 0,661 million de nouveaux postes qui ont été comblés au cours du mois. La faible disponibilité d’emplois gouvernementaux et le délai dans la reprise scolaire expliquent en partie ce résultat. Le taux de chômage est tout de même passé de 8,4 % à 7,9 %.
Au Canada, les attentes de 150 000 nouveaux emplois ont été largement dépassées alors que ce sont plutôt 374 200 emplois qui ont été créés. Le taux de chômage s’est donc stabilisé à 9,0 %, alors les prévisions pour septembre étaient de 9,8 %.
Résultats – obligations canadiennes
Les obligations fédérales du Canada, toutes échéances confondues, ont affiché un rendement de 0,6 % ce mois-ci. Elles ont progressé de 7,7 % depuis le début de 2020. (Source : Canaccord Genuity)
Notre veille stratégique
Principaux risques
Voici quelques risques que nous surveillerons de près dans le contexte actuel.
- Le résultat des élections américaines aura des répercussions sur le taux d’imposition des sociétés ainsi que sur la réglementation des géants de la technologie et du secteur bancaire, de même que sur la démondialisation des chaînes d’approvisionnement.
- Si le développement d’un vaccin contre la COVID-19 se prolongeait au-delà du premier trimestre de 2021, la crise s’étirerait, accentuant la volatilité des marchés.
- La récession provoquée par la pandémie pourrait se prolonger et entraîner une dépression économique, surtout si une seconde vague de grande ampleur nécessitait la remise en place des plans de confinement généralisés. Du coup, les conséquences négatives d’une telle situation sur la confiance des consommateurs pourraient entraîner une diminution de leurs dépenses à moyen terme, ce qui perpétuerait la récession.
- Les différends commerciaux entre la Chine et les États-Unis perdurent. Les tensions entre les deux superpuissances pourraient s’amplifier et nuire à l’économie mondiale.
Indicateurs fondamentaux
Divers indicateurs économiques ont réagi en septembre.
Confiance des consommateurs – États-Unis
La confiance des consommateurs remonte, après plusieurs mois peu encourageants.
Ratio des inventaires par rapport aux ventes du commerce de détail – États-Unis
Ce ratio est à son plancher de 15 ans. Durant la pandémie, la production de plusieurs biens a été ralentie ou arrêtée, tandis que les ventes se poursuivaient. La reprise de la production pour reconstruire les inventaires est un signe positif.
Taux directeurs en Europe et aux États-Unis
Les taux restent à des niveaux faibles, favorables à une reprise économique.
François Landry
CFAMD
Vice-président du conseil d'administration, Financière des professionnels - Gestion privée
Nos stratégies
(horizon 6 à 12 mois)
Les marchés financiers ont récupéré plus rapidement que nous n’anticipions le recul causé par la pandémie. Nous conservons pour le moment un positionnement tactique neutre dans le Portefeuille privé FDP Répartition tactique d’actifs, soit 55 % d’actions et 45 % d’obligations.
Le gagnant des élections américaines devrait avoir un impact important sur le rendement des secteurs et les zones géographiques.
Le coût de la victoire
- Victoire démocrate – augmentation des taux d’imposition des entreprises et des hauts salariés, mise en valeur des énergies vertes, mise en œuvre de projets d’infrastructure et d’un plan fiscal. Seraient favorisés : les secteurs plus cycliques et les marchés boursiers à l’extérieur des États-Unis.
- Victoire républicaine – poursuite des politiques actuelles.
Nous militons donc pour la vigilance à court terme et par conséquent, un positionnement plus neutre nous semble approprié.
Sur un horizon de plus de 12 mois
Nous sommes plus optimistes concernant une surpondération en actions, compte tenu du faible niveau systémique des taux d’intérêt et des perspectives de croissance plus soutenables des profits dans un contexte d’un retour à la normale après la crise sanitaire.
La répartition géographique des titres boursiers au sein de nos portefeuilles a peu changé durant la dernière période.
- La sous-pondération en actions canadiennes a été réduite, bien que la pondération des titres du secteur bancaire canadien ait augmenté.
- Nous sommes neutres en actions américaines. Nous avons conservé notre exposition aux titres du secteur des technologies et du secteur des produits industriels, qui devrait profiter des dépenses annoncées en infrastructures.
- Nous sommes légèrement surpondérés en actions des régions représentées dans l’indice EAFE (Europe, Australasie, Extrême-Orient), en raison des mesures fiscales instaurées en Europe et de la réouverture des économies de la zone euro.
- Notre position neutre en titres des marchés émergents demeure, à la lumière de l’accroissement des tensions entre Pékin et Washington, une situation qui devrait se prolonger jusqu’aux élections présidentielles américaines de novembre.
Si cet article a soulevé des questions et des besoins de précisions, n’hésitez pas à communiquer avec votre conseiller.
François Landry, CFA
Vice-président et chef des placements
Yann Furic, B.B.A., M. Sc., CFA
Gestionnaire principal, répartition d’actifs et stratégies alternatives
Source des données : Bloomberg
Les informations contenues aux présentes proviennent de sources que nous jugeons fiables; toutefois, nous n’offrons aucune garantie à l’égard de ces informations et elles pourraient s’avérer incomplètes. Les opinions exprimées sont basées sur notre analyse et interprétation de ces renseignements et ne devraient en aucun cas être considérés comme une recommandation. Pour toutes questions, n’hésitez pas à communiquer avec votre conseiller en gestion de patrimoine ou votre spécialiste en matière fiscale, comptable ou juridique.