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Yann Furic
B.B.A., M. Sc., CFAMD

Gestionnaire principal, répartition d’actifs et stratégies alternatives

La crise des cent ans

L’année 2020 n’est pas encore terminée, mais elle a donné lieu à la plus grave crise sanitaire depuis la grippe espagnole de 1918. Au début de l’année, les sujets de préoccupations les plus importants concernaient les relations tendues entre la Chine et les États-Unis, et, évidemment, l’élection présidentielle américaine.

Entrée en scène de la COVID-19

Dès le premier trimestre, c’est plutôt la pandémie qui a retenu l’attention. À cause des mesures de confinement quasi mondiales qu’elle a suscitées, la COVID-19 a créé de toutes pièces une récession en arrêtant net des pans entiers de l’économie. Le produit intérieur brut (PIB) américain a chuté de 31,4 %, tout comme le PIB canadien, qui lui a perdu 38,7 %.

Les banques centrales ont rapidement activé tout un arsenal de mesures de détente quantitative. Les gouvernements ont mis sur pied des programmes d’aide à la fois pour les particuliers qui se sont retrouvés au chômage, et aussi pour les entreprises en manque de liquidités pour s’acquitter, entre autres, de leur loyer commercial.

Réactions des marchés boursiers

Alors que l’économie réelle se détériorait, les marchés boursiers ont quant à eux réagi positivement à ces mesures, particulièrement le marché boursier américain et surtout l’indice Nasdaq. Plusieurs facteurs expliquent ce résultat :

  1. Les titres des grands groupes technologiques comme Facebook, Amazon, Apple, Netflix, Google (Alphabet) et Microsoft, qui représentent plus de 20 % de l’indice S&P 500 et du Nasdaq, n’ont pas été pénalisés par le confinement et le télétravail, et plusieurs en ont même bénéficié.
  2. Les secteurs les plus touchés par la crise sanitaire, comme la restauration, les voyages et les loisirs, n’ont pas une pondération importante dans les indices boursiers, même si ces secteurs de services emploient des millions de travailleurs.
  3. La baisse des taux d’intérêt a été positive pour le prix des actions.

Au Canada, un titre comme Shopify, qui bénéficie de l’engouement des consommateurs pour le commerce en ligne et qui a une pondération importante dans l’indice canadien, a fourni une contribution individuelle de 4,49 % au rendement de l’indice S&P/TSX, qui se situait à 3,81 % au 30 novembre 2020. Le titre de Shopify explique donc à lui seul l’ensemble du rendement de l’indice, et même plus.

La reprise économique qui a suivi a été aussi prononcée que la baisse qui l’a précédée. En fait, la période de récession a été remarquable par sa courte durée. La reprise a cependant stagné durant les derniers mois parce que certains secteurs d’activités comme la restauration et les voyages peinent à reprendre.

Bonnes nouvelles… mitigées

Le mois de novembre a été marqué par deux évènements importants : le résultat des élections américaines et l’annonce de l’efficacité de plusieurs vaccins.

Les résultats des élections américaines ont causé une vive surprise puisque les marchés s’attendaient à une victoire majeure du parti démocrate, alors que c’est plutôt l’élection d’un président démocrate et d’un Sénat républicain qui se sont concrétisés. Cette combinaison va obliger les républicains et les démocrates à négocier, et elle va surtout empêcher la mise en œuvre des politiques plus « socialisantes » prônées par les démocrates telles que les hausses d’impôt pour les entreprises. La nouvelle administration américaine devrait être moins belliqueuse sur le plan international et revenir à des politiques multilatérales, en conservant quand même une position forte face à la Chine.

L’annonce du premier vaccin de Pfizer-BioNTech a donné des ailes aux marchés boursiers globaux en faisant miroiter un retour à la normale. La semaine suivante, l’annonce de l’efficacité du vaccin de Moderna a également eu un effet positif, suivie par celle, le 23 novembre, du vaccin d’Astra-Zeneca et d’Oxford. L’effet sur les marchés s’est néanmoins atténué au fur et à mesure que les nouveaux vaccins publiaient leurs résultats.

Vers 2021

Juste retour

Nous ne savons pas encore quand la réouverture des économies sera complétée, puisqu’elle sera fonction de la disponibilité des vaccins et de la campagne de vaccination elle-même. Comme les marchés boursiers anticipent les résultats futurs, les titres qui ont écopé durant la pandémie sont aussi ceux qui ont connu les meilleures performances depuis l’annonce des résultats concluants du premier vaccin.

Ralentissement en vue

2021 devrait favoriser un éventuel retour à la normale. D’ici là, la propagation du virus se poursuit de plus belle, poussant certains gouvernements à des mesures de confinement partiel. Ces reconfinements sans soutien fiscal supplémentaire devraient miner la confiance des consommateurs, qui réduiront leurs dépenses. La situation pourrait ralentir une fois de plus l’économie, ce qui nuirait aux entreprises plus cycliques.

Nous restons prudents, surveillant les titres qui profitent du télétravail et ceux qui profiteront d’un retour à la normale.

L’influence des banques centrales

Les estimés de profits pour l’année prochaine sont à la hausse, ce qui est de bon augure pour les marchés boursiers, mais la hausse importante des marchés depuis l’annonce des résultats des vaccins nous porte à croire que les investisseurs ont déjà comptabilisé une partie de ces profits futurs dans leur évaluation.

Au niveau obligataire, une forte reprise économique devrait favoriser une remontée des taux, mais les banques centrales pourraient faire des opérations sur les marchés afin de limiter celle-ci. Actuellement, les banques centrales sont prêtes à laisser l’inflation surpasser leur cible projetée avant d’approuver des politiques monétaires plus restrictives, ceci afin de ne pas nuire à la reprise économique.

Retour du style valeur?

Alors que les dernières années ont été dominées par les titres de style croissance, les titres de style valeur pourraient connaître une progression importante et de meilleures performances dans l’avenir, stimulés par une forte reprise économique mondiale, elle-même soutenue par des stimulus fiscaux.

Le secteur de l’énergie, pourtant cyclique, pourrait ne pas participer à la reprise économique de façon aussi intensive que dans le passé. La demande accrue pour les véhicules électriques, en plus de l’intention de plus en plus affirmée du public et de l’industrie de réduire les impacts du carbone, à quoi s’ajoute l’inclusion de critères ESG dans les portefeuilles, pourrait limiter le rendement du secteur énergétique.

Le fait d’anticiper des rendements plus importants pour les titres de style valeur qui sont plus cycliques signifie aussi que les petites capitalisations, les titres hors des États-Unis et les marchés émergents devraient offrir de meilleures performances dans un avenir prochain que ne le fera le marché américain en général. Encore une fois, la vaccination et les programmes fiscaux seront la clé de cette reprise.

Et maintenant, la réalité…

Nous saurons rapidement de quoi il retourne dans les mois à venir et nous devrons nous ajuster tout aussi vite. Un contexte économique mondial aussi singulier est une occurrence rare et nous oblige à une vigilance et à une proactivité décuplée afin de protéger vos actifs.

Yann Furic, M. Sc., CFA
Gestionnaire principal, répartition d’actifs et stratégies alternatives

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