Pierre-Jean, 57 ans, est propriétaire d’une pharmacie à Trois-Rivières depuis une vingtaine d’années. Il est marié à Helena, 52 ans. Leurs deux enfants, Laura et Philippe, sont dans la vingtaine et ont opté pour des professions autres que la pharmacie.
Situation financière et juridique du couple
Pierre-Jean | Helena | |
Compte REER | 250 000$ | 100 000 $ |
Compte CELI | 110 000 $ | 40 000 $ |
Compte non enregistré | 50 000 $ | S.O. |
Régime de retraite | Non | Oui (REER collectif) |
- Le couple est marié en séparation de biens et possède une résidence confortable à Trois-Rivières, dont la valeur s’établit à environ un million de dollars. L’hypothèque est entièrement payée.
- Pierre-Jean et Helena ont chacun un testament et un mandat de protection, mais ces documents n’ont pas été révisés depuis au moins dix ans.
- Pierre-Jean a souscrit une assurance vie permanente d’un million de dollars à l’intérieur de sa compagnie. Helena n’a aucune assurance vie.
Une retraite, ça se prépare!
À 57 ans, Pierre-Jean commence déjà à penser à la retraite. Comme ses enfants ont opté pour différentes carrières, il envisage de vendre sa pharmacie d’ici quelques années. Selon lui, cette vente financera ses objectifs de retraite, mais il voudrait aussi qu’elle lui permette de laisser un héritage à ses enfants et futurs petits-enfants.
À considérer
- Pierre-Jean est de plus en plus préoccupé par la vente de sa pharmacie. Il se demande comment procéder pour la transaction, et quels sont les éléments pertinents à évaluer et à travailler en prévision de la vente.
- Il voudrait aussi savoir quels autres aspects financiers sont à considérer dans le cadre de cette transaction, notamment comment optimiser le volet fiscal.
- Considérant le produit de la vente, Pierre-Jean aura sans doute à revoir son plan financier en tenant compte des besoins futurs et aussi de l’héritage qu’il désire laisser à ses enfants.
Les conseils de Guillaume Deschenes |
B.A.A., CIMMD, FCSIMD, Pl. Fin. |
Un processus à optimiser
La vente d’une pharmacie est une étape de carrière très importante. Selon Guillaume, c’est un point tournant dans la vie d’un pharmacien puisque que c’est non seulement le passage à une nouvelle phase de vie, mais aussi le moment où il pourra chiffrer toute l’expertise et tout le labeur qu’il a mis dans sa profession et dans son entreprise. « Vendre sa pharmacie est un processus rigoureux qui demande une fine analyse : il est donc recommandé de commencer la préparation de cette vente de deux à trois ans à l’avance. Il y a plusieurs étapes à franchir et il est très important de s’entourer de spécialistes qualifiés dans ce type de transaction : comptable, fiscaliste, planificateur financier et évaluateur spécialisé sont des ressources essentielles pour vous aider dans cette opération complexe. »
Ce que l’acheteur veut savoir
Dans le cadre de la transaction, Guillaume indique qu’un acheteur éventuel voudra obtenir des renseignements précis sur, entre autres :
- l’inventaire et l’état de l’équipement (officine et magasin)
- les dossiers clients (volume des prescriptions – public/privé)
- le personnel (attention aux normes de travail!)
- les registres comptables
- les contrats (bail, franchise ou bannière, fournisseurs, association, etc.)
Les accélérateurs de valeur
« N’oubliez pas que la valeur d’une pharmacie est directement liée à sa rentabilité » souligne Guillaume. « Pour la maximiser, il faut donc améliorer cette rentabilité. Faire une analyse complète de sa pharmacie et établir un plan de match sont essentiels. Pour formuler son diagnostic, Pierre-Jean doit se poser certaines questions, telles que : l’informatique et la robotisation sont-elles optimales? Côté ressources humaines, les horaires, tâches, taux horaire et avantages sociaux sont-ils concurrentiels? Une relève à l’interne serait-elle prête à acheter? »
« Il doit aussi considérer les autres sources de dépenses qui pourraient être analysées ou réorganisées comme par exemple, les assurances. Comparer les tarifications d’assureurs concurrents et renégocier les taux des prêts et marge de crédit avec son établissement bancaire sont de bonnes pistes d’optimisation. Si sa pharmacie offre un service de livraison à domicile, en vérifier la rentabilité, revalider la zone desservie et revoir ses tarifs offrent aussi une autre possibilité de créer de la valeur. »
Combien vaut la pharmacie?
« Parce que cette étape est très importante, Pierre-Jean devrait faire appel à un évaluateur professionnel spécialisé en pharmacie pour l’aider à déterminer le prix de sa pharmacie. » Guillaume poursuit : « Deux types d’actifs sont à évaluer : les actifs corporels (équipements spécialisés et de laboratoire, instruments, meubles adaptés, marchandises, fournitures, matériel de bureau incluant logiciels et ordinateurs, améliorations locatives) et les actifs incorporels (achalandage, nombre de clients, volume de prescriptions, système organisationnel). »
La planification fiscale, un incontournable!
Pierre-Jean devra déclarer tout gain en capital qui sera réalisé lors de la vente de sa pharmacie. « Une des particularités des pharmaciens propriétaires est que plusieurs ont une structure corporative qui comprend une société qui reçoit les revenus professionnels du pharmacien propriétaire, une société pour les activités commerciales de la pharmacie autres que les prescriptions, et une autre qui détient l’immeuble (si c’est le cas) et les investissements financiers. »
Guillaume précise encore : « Il est très important pour Pierre-Jean d’avoir une bonne structure corporative pour que, lors de la vente, il puisse profiter de l’exonération des gains en capital. Il existe une exonération cumulative des gains en capital (ECGC) disponible aux contribuables canadiens qui disposent d’actions admissibles d’une petite entreprise détenue personnellement ou en tant que membre d’une société de personnes, et qui répondent aux critères généraux exigés. Si Pierre-Jean n’a pas encore utilisé son exonération, plus d’un million de dollars de gain en capital pourrait être exonéré d’impôts lors de la vente de ses actions. Le montant exact de l’exonération dépendra de son seuil cumulatif disponible lors de l’année de la vente.»
« Pierre-Jean devrait consulter un conseiller fiscal concernant ces critères et il devrait aussi discuter avec son planificateur financier de la gestion des liquidités dans sa société (trop de liquidités dans le compte de la société de gestion ne rapportant pratiquement rien ou répartition peu avantageuse de ses placements) et de stratégies potentielles dans le compte de dividende en capital (CDC). »
« Dans les années précédant la vente, il pourrait également bonifier le patrimoine du couple en cotisant à un REER de conjoint au nom d’Helena et à son CELI. Comme Pierre-Jean et Helena sont mariés en séparation de biens, il faut savoir que ces contributions feront respectivement partie du patrimoine familial ou des biens couverts par le contrat de mariage en cas de divorce ou de décès. »
Retraite planifiée, retraite heureuse
« Une fois la vente conclue, Pierre-Jean devra prendre le temps de mettre sur pied un plan de décaissement avec son planificateur financier. Tenant compte du REER et du CELI existants, ainsi que de son revenu de dividende combiné aux prestations gouvernementales de retraite (Régime des rentes du Québec et Sécurité de la vieillesse), il faudra évaluer l’ordre de décaissement des montants accumulés pour réduire sa facture fiscale au maximum et déterminer s’il faudrait privilégier un fractionnement de revenu avec sa conjointe » conclut Guillaume. « En ce qui concerne l’héritage que Pierre-Jean veut laisser à ses enfants, il pourrait être intéressant de comparer des produits d’assurance. L’assurance vie déjà détenue dans sa compagnie lui permettra de maximiser le transfert éventuel à ses enfants. Pierre-Jean pourrait aussi envisager un don du vivant, voire une fiducie, afin de s’assurer de laisser un maximum à ses enfants, sans compromettre sa retraite. »
Établir clairement ses volontés
Une dernière recommandation de la part de Guillaume concerne la révision des documents juridiques de Pierre-Jean et d’Helena. « Comme ils n’ont pas été révisés depuis dix ans, il est temps que les mandats de protection et les testaments du couple soient revus et mis à jour, surtout à la suite de la vente de la pharmacie. Les changements de vie peuvent survenir rapidement et il est très important que les documents juridiques reflètent les volontés actuelles de chacun. À cet effet, un bilan successoral permettrait d’évaluer les options de legs pour ses bénéficiaires et de les ajuster à la réalité particulière de chacun. »
Vendre sa pharmacie est une étape déterminante : c’est pourquoi il est si important de bien s’entourer et surtout, de se donner le temps nécessaire pour franchir toutes les étapes requises pour une transaction optimale. Votre planificateur financier fdp est une personne ressource précieuse pour aborder ce changement important en toute confiance.
Les situations décrites sont basées sur un cas fictif et l’interprétation des renseignements sélectionnés ne devrait en aucun cas être considérée comme une recommandation personnalisée. Veuillez consulter votre conseiller.